La société nous laisse penser que l’accouchement doit être synonyme de joie et de bonheur, que nous devons agir et réagir comme si nous devions plus se fier à nos ressentis et émotions, et que l’important est un enfant désiré et en bonne santé et d’oublier la souffrance vécue. Que ce soit de la mère ou du père, tous deux ont idéalisé et fantasmé leur bébé pendant 9 mois.
En même temps, depuis des siècles, on nous prévient d’une grande souffrance pendant la naissance, telle une punition divine. Quand l’enfant voit enfin le jour, nul ne peut savoir comment réagir, quand les choses ne se passent pas comme la société voudrait nous le faire croire. Nul ne connaît sa réaction à l’avance, père et mère viennent de vivre une expérience qui marquera à jamais leur vie.
Précisément, peut-on parler des naissances mal vécues ? Nous ne pouvons pas exprimer notre mal être librement, sous peine d’être jugé ou qualifié de mauvais parents. Pour comprendre les conséquences d’une naissance mal vécue, je me suis penchée sur l’origine de ce mal être vécu par tout individu. J’ai pu écouter des femmes et des hommes exprimer leurs ressentis, en particulier les récits des grand-mères que j’ai rencontrées dans le cadre de mon travail (aide à domicile). Toutes conservent un souvenir indélébile et unique de la naissance de leurs enfants, chacune a son ressenti et son vécu personnel.
Qu'est-ce que le mal vécu d'une naissance ?
Le mal vécue peut être synonyme de douleurs. L’accouchement est un évènement chargé d’angoisse et d’émotion, de douleur traumatisante, jusqu’à la délivrance. C’est une souffrance heureuse et traumatique à la fois. Pour l’enfant, la naissance aussi est un cheminement rempli de douleur. Dans son ouvrage « Pour une naissance sans violence », Frederick Leboyer explique qu’après 30 ans d’accouchement à la chaîne, il ne supporta plus les cris de ces enfants que l’on fesse à peine arrivés dans ce monde, il a même qualifié cela de Cri de Munch, torture, douleur subie par le nourrisson. Il explique aussi qu’à l’époque, les médecins pensaient que l’enfant ne ressentait rien, qu’il n’avait limite pas de conscience. Pourtant, à peine sorti du ventre de la mère, le fait d’être attrapé par les pieds la tête en bas, suivi de fessées, il y a de quoi crier.
Qui est concerné par le mal vécu lors de la naissance ?
Le mal vécue ne concerne pas que l’enfant : naître peut-être aussi abominable pour l’enfant, que l’accouchement pour la mère et le père et leurs relations à l’enfant et son prolongement. Bouddha dit dans ces premières nobles vérités : « L’existence que nous connaissons, est imbue de souffrances : la naissance est une souffrance, …, être uni à ce que l'on n'aime pas est une souffrance, être séparé de ce que l'on aime est une souffrance ». Un sentiment de culpabilité et d’impuissance peut nous envahir comme si nous avions honte de ne pas être à la hauteur. Nous nous sentons coupables de ne pas ressentir l’épanouissement tant promis par la société entre parents et enfant. Cela peut être lié au cas d’un enfant qui n’est pas celui attendu ou voulu.
Nous risquons de rejeter notre propre culpabilité sur l’autre parent ce qui peut engendrer conflit, séparation et divorce. Le rejet de l’enfant lui-même crée un sentiment d’abandon ou d’insécurité. Inconsciemment, nous manquons de lui donner de l’amour, bloqués par nos désillusions. Le déni de notre réelle frustration et la peur d’être mal interprétée, font que l’on préfère ne pas parler, ce qui engendre souvent des dépressions postpartum passées sous silence, le mal-être de ces mamans et papas qui ne retrouvent pas leur équilibre après avoir subi le choc de l’accouchement et qui n’osent pas trouver d’oreille attentive.
Chaque personne est certes différente, donc réagit différemment. De nos jours, il existe des centres d’accueil et d’information (ex : centre Henri Michaux, ou site « magicmaman.com »). Nous pouvons y trouver une foule d’informations et de forums qui permettent de briser le silence et d’être accompagné de professionnels (sage femmes, thérapeutes, sophrologues …), pour nous aider à mieux appréhender la naissance, et à mieux vivre cette étape importante de notre vie. Je vous propose de vous accompagner dans ces phases clés de votre vie.
Rachel Hasni- David