L’état des lieux
Il n’est plus prématuré de parler déconfinement, mais à l’heure où les politiques s’accordent à réveiller petit à petit l’économie ensommeillée, viennent se poser les questions du déconfinement tant attendu ou redouté.
L’annonce de la fermeture des écoles et du confinement à proprement parlé ont pu constituer un choc. Le psychisme n’était pas tout à fait prêt à cela. La situation était tellement inédite, qu’il a fallu réaménager son quotidien, avec des paramètres nouveaux. Télétravail, enfants à la maison ou solitude et isolement, chacun a vécu cette période avec des impacts différents. Mais les réaménagements n’ont pas été que matériels, c’est bien toute une part de son organisation psychique qu’il a fallu opérer. Calmer ses angoisses face à une peur ancestrale que représente la pandémie, taire ses désirs de liberté assommés par l’enfermement.
C’est toute une somme de mécanismes inconscients qui se sont opérés en nous. D’une part, il a fallu se mettre en retrait pour se préserver. Admettre une situation avec toute la gestion de ses émotions. Le contexte est pour le moins générateur d’angoisses, comment notre organisme a réagi à l’annonce de la situation ?
Et notre cerveau ?
C’est notre cerveau reptilien, rapide et réflexe, siège de pensées automatiques qui s’est mis à réagir en premier. Le cerveau reptilien a tendance à nous faire voir les choses de la manière la plus pessimiste possible, il garanti notre survie et se met en mode réflexe activant le circuit adrénaline cortisole substances générées par une situation de stress. Il n’est pas vraiment bon conseillé en matière de lucidité, la machine s’emballe et la majeure partie des décisions prises sur le vif lors de l’activation du cerveau reptilien ne sont pas de bonnes décisions.
Même si l’activation des différentes parties du cerveau ne s’est pas faite de manière aussi schématique il semble juste de se constituer une image de la manière dont notre cerveau conditionne nos réactions.
Ainsi passée l’annonce et l’effet de choc impliquée par la perte totale de repères il a fallu se réorganiser tant matériellement que psychiquement. C’est ainsi qu’intervient le néocortex, qui, lui, gère les fonctions intellectuelles complexes comme la créativité. Lors d’une situation de stress, le cortex agit en second plan après que le cerveau reptilien se soit mis en alerte.
Ici encore, la créativité, l’organisation d’un quotidien rythmé par des repères différents ont pu s’effectuer avec un changement de rythme dans le temps. C’est alors que chacun a pu trouver une place nouvelle. Petit à petit, ce qui semblait impossible s’est organisé, que ce soit le manque de La sorties, des autres, la gestion d’un temps différent, il a fallu renoncer pour une organisation nouvelle.
La résilience
Dans le meilleur des cas, la vie familiale s’est rythmée petit à petit autour de ces nouveaux paramètres et chacun a su trouver sa place différemment. D’aucun se sont d’ailleurs étonnés que tout se passe aussi bien, malgré le contexte. L’amorce de cette entrée dans une aire nouvelle peut être considérée comme un petit traumatisme pour la psyché, le contexte anxiogène en faisant partie. Les notions de résilience, telle que l’a décrite Boris Cyrulnic, à moindre échelle peuvent s’appliquer. En Sciences Humaines, la résilience peut être considérée comme un processus dynamique impliquant l’adaptation positive dans le cadre d’une adversité significative. Elle se révèle face à des stress importants et/ou cumulés, face à des traumatismes ou des contextes à valeur traumatique. C’est donc dans une moindre mesure résilients que nous nous sommes installés dans un quotidien nouveau, avec l’idée malgré tout que tout ceci aurait une fin.
Avant/ après, une chance ?
La complexité de la situation réside dans l’idée sous jacente qu’il ne puisse pas y avoir un après identique à l’avant du fait de ces modifications aussi brutales de la vie de chacun. Et si sortir de cet état de confinement rimait avec la richesse de ce que cette situation inédite nous aura appris ? Et si reprendre une vie normale correspondait finalement à sortir un peu plus fort de cette épreuve.
Pour réussir à se réadapter à son environnement nouveau, il semble juste de se centrer sur ce que cette période nous a apporté de positif. Nous avons pris le temps de nous découvrir autrement ? Pourquoi ne pas garder certains rituels acquis pendant ce huis-clos ? Nous avons apprécié de prendre le temps différemment ? Pourquoi ne pas essayer de conserver ces petits bonheurs du quotidien qui nous ont permis de nous adapter ?
La question n’est donc pas de se précipiter sur ce qui était avant car il faut être réaliste, il y a un avant et un après, rien ne peut être comme avant car ces événements mondiaux ont marqué tout un chacun. Il s’agirait alors de réadapter son quotidien avec ce que nous ont apporté ces épreuves.