Comment se constitue le narcissisme?
D’abord basé sur le mythe de narcisse, histoire d’amour où le sujet amoureux de sa propre image confond son reflet avec un autre et y trouve sa mort, le narcissisme est un terme emprunté dans la psychanalyse par Freud puis Lacan pour définir l’amour que porte le sujet à lui-même pris comme objet. Sans rentrer dans les détails des différentes topiques et des différents auteurs, notons qu’il s’agit d’abord de l’investissement libidinal porté sur son propre corps .
Le narcissisme se construit d’abord chez le nourrisson, qui privé de langage n’a d’abord pas une conscience unifiée de son corps, il comprend le monde en terme de plaisir ou déplaisir, puis quand le registre du besoin se transforme en registre du désir, il peut transformer ce qui était d’abord un cri de déplaisir en une demande. L’investissement sur sa propre personne peut alors se déployer à l’autre, sa mère par exemple. C'est donc dans le regard de l’autre, celui, celle qui le regarde, le nourrit, s’occupe de lui que l’enfant se sent exister, aimer. Ainsi entrent en concurrence les investissements d’objet, et ceux du moi. Entendons par objet les objets d’amour extérieurs, la mère, le père ou toute figure les remplaçant. L’identité du sujet se constitue en fonction du regard et de la reconnaissance de l’autre.
Notons l’importance donc des premiers échanges d’un tout petit avec son entourage proche et direct. Les bases de la constitution du narcissisme s’appréhendent dans l’étayage, le maternage la valeur portée à l’enfant dans les premiers temps de sa vie.
A quoi correspondent "L’idéal du moi" et "moi idéal"
Le milieu extérieur dans les premiers échanges implique une reconsidération des investissements libidinaux. Les critiques parentales, le regard de l’autre, l’amour et le maternage ou inversement l’absence d’investissement de l’enfant transforment les premières satisfactions narcissiques en un nouvel idéal du moi.
L’idéal du moi serait si on souhaitait vulgariser la chose comme l’être idéal que l’on souhaiterait incarner, celui auquel on aspire, ceci étant conditionné et induit par l’intériorisation des interdits formulés par l’entourage.
Ainsi, des exigences parentales très fortes pourraient induire des exigences sur sa propre personne, une autocritique, un idéal du moi relativement inaccessible générant un manque de confiance en soi et une dévalorisation. Il serait réducteur de comprendre cela comme la simple résultante de la posture parentale, les différences individuelles et le vécu de certaines situations sont autant de pistes à la compréhension d’un idéal du moi difficile à atteindre.
Le moi idéal ou idéal du moi représenteraient un peu les mêmes fonctions à la fois de censure et d’idéalisation.
Comment améliorer sa confiance en soi, son estime de soi?
En prenant conscience de ses difficultés
Pourquoi certaines personnes ont si peu confiance en elles ? Qu’est-ce qui implique que dans le quotidien il soit parfois impossible de sortir d’une situation professionnelle, sentimentale comme si l’on se sentait incapable de faire face. La constitution narcissique, la nature des premiers échanges et l’éducation plus ou moins bienveillante ont une incidence directe sur les assises narcissiques et la fragilité de celles-ci. Il faut du temps et un accompagnement thérapeutique pour comprendre ce qui fait sens ou défaut dans son histoire pour regagner confiance en soi, se réconcilier avec l’image première que l’on a de soi. C’est tout un édifice à déconstruire pour le reconstruire avec des bases plus solides. Ouvrir les yeux sur ces mécanismes est un point de départ et une ouverture vers cette reconstruction.
En prenant soin de soi
En premier lieu, prendre conscience d’un narcissisme défaillant permet de s’orienter vers un travail thérapeutique.
« C’est donc pour cela que je réagis comme ça dans telle situation ? »
Prendre soin de soin c’est commencer à s’accorder le droit à aller mieux. C’est s’autoriser à prendre du temps pour soi, à diriger son empathie sur soi et non plus sur les autres. Prendre soin de soi c’est s’accorder une valeur, celle que l’on n’a peut-être jamais reçue.
Je mets beaucoup en lien mes patients avec leur passé, leurs premiers investissements d’objet et la manière dont ils ont été investis. Malheureusement, tout n’est pas aussi simple, certaines personnes souffrent de faille narcissique nommée aussi faible estime de soi malgré un étayage très fort pendant l’enfance.
Des troubles dans la scolarité, le rejet des autres, de mauvaises rencontres ou encore certains vécus traumatiques font perdre confiance en soi. Il est alors important d’identifier cela. Mettre le doigt sur ce qui fait défaut et souffrance est déjà une grosse partie du travail.
En prenant en compte certaines particularités
Parfois, la faible estime de soi peut-être corrélée à des troubles divers (« Dys », Haut Potentiel, Troubles Anxieux généralisés, Asperger…) . Ainsi, passer par une évaluation psychométrique (WAIS) ou plus spécifiquement un bilan psychologique pour évaluer le fonctionnement cognitif et psychique peut constituer une aide précieuse à la compréhension du général de l’individu. C’est toujours un point de départ à une meilleure compréhension de soi afin d’aller mieux.