Même si l'expatriation relève d'un choix de changement de vie, le cadre professionnel, le désir de la découverte d'autres cultures, cette aventure peut s'avérer angoissante et source de souffrances psychologiques. Sous le mythe exotique de l'expatriation, se cachent de réelles souffrances : l'isolement et la perte de repère, les conflits identitaires.
LE BLUES DE L'EXPATRIATION
La perte de repères
S'expatrier, c'est se séparer de sa terre, c'est perdre ses repères. Si cette perte de repère est vécue positivement au début, sous couvert de l'excitation de la découverte d'une nouvelle vie et des projets d'aménagements familiaux et professionnels, cette perte peut rapidement devenir angoissante et déstabilisante au quotidien. Comment trouver les soins de santé nécessaires dans un Anglais approximatif ? Chaque problématique requière un ajustement, un renoncement et une acceptation dans ce choc culturel, pour une adaptation pas toujours aisée.
Des symptômes physiques et psychiques
Bien qu'installé, travaillant dans une structure choisie, la souffrance des expatriés peuvent revêtir différentes formes, tant physiques (troubles digestifs, perte de poids, pathologie dermatologique...) que psychique (trouble de l'humeur, crise d'angoisse, trouble du sommeil, comportements addictifs, dépression...) avec cette problématique particulière qu'il n'est pas toujours possible d'avoir accès au même soin que dans notre pays d'origine. Plus la culture du pays d'"accueil est éloignée de la votre, plus le risque de choc culturel est grand.
La souffrance des conjoints d'expat
Les femmes d'expatriés, qui souvent ont quitté leur poste et se retrouvent sans activités professionnelles peuvent vivre différemment cette vie d'inactivité et de solitude, qui peut engendrer une baisse de l'estime de soi, d'autant que souvent, le personnel de maison sur place lui ôte des tâches domestiques et donc des missions au quotidien. Ses suiveurs, qu'ils soient conjoints, conjointes, enfants ou adolescents, vont devoir aussi trouver une place dans ce nouvel environnement, changement de cadre de vie qui peut faire émerger souffrances et déracinement.
QUELQUES CONSEILS UTILES
Gardez les liens amicaux du pays d'origine
Lorsque vous verbalisez l'annonce de votre départ, les réactions de vos amis peuvent être très diverses, allant de l'envi, l'encouragement le bonheur d'une nouvelle vie pour vous au sentiment d'abandon... certains comprendront votre démarche, d'autres pas. Nous avons tous besoin de s'inscrire dans un groupe de pair. Lorsque celui-ci est remis en cause, la mise à distance peut faire émerger l'angoisse de séparation et un fort sentiment d'abandon. Ainsi, conserver les liens est essentiel, aider par tous les réseaux sociaux qui existent actuellement, il est aisé de s'appeler ou de se voir à moindre coût. Il s'agit là d'une véritable capacité d'adaptation au changement de situation.
Développez des amitiés dans le pays d'origine
La démarche est alors différente car il est impérieux et urgent de pouvoir rencontrer les personnes du pays, pour comprendre et s'intégrer à la culture. De ce fait, ces relations sont parfois rapides mais fugaces, si les liens sont forts, ils sont souvent superficiels. Reste alors à s'orienter vers des personnes de même niveau social, partageant les mêmes visions de la vie, avec des similitudes dans les attentes éducatifs et culturels.
Optez pour des compétences interculturelles
Il est important de connaître la culture du pays pour développer d'autres modalités de relations, mais encore faut-il les comprendre ? Au Sénégal par exemple, il est coutumier de demander des nouvelles de la famille à une personne que l'on salue, en signe de respect, conduite difficilement entendable pour les européens qui pourraient y voir une forme d'intrusion dans la sphère privé ! La majeure partie des échecs de l'expatriation est lié à la difficulté de s'adapter à son environnement, à sous évaluer ses difficultés liées au changement de repères psychosociaux.
Les enfants : facteurs d'intégration
En âge scolaire, les enfants sont de véritable facteurs d'intégration, l'école et les activités extra scolaires sont des lieux où sont possible une multitude d'interactions sociales, et la possibilité de connaître et d'agrandir ses connaissances. Il n'est ainsi pas rare, comme aussi dans le pays d'origine, que les parents des enfants se fréquentant, deviennent amis.
Et la question du retour!
Il est maintenant admis que si l'expatriation est à préparer, organiser, le retour doit tout aussi être source d'attentions particulières. La plupart des personnes rentrant dans leur pays d'origine après expatriation, sont en parfait décalage! Il s'agit bien d'une impatriation, c'est à dire un retour qui revêt un caractère d'étrangeté, parfois complexe à accepter.
POUR CONCLURE
Il existe peu de modalité d'aide mise en place dans les structures pour soutenir l'expatriation. Ainsi, il en va d'une démarche individuelle de se faire aider et soutenir. L'expatriation nous amène, nous psychologue, à réinterpréter notre pratique, pour inventer une clinique face ses problématiques spécifiques, avec des modalités de prise en charge adaptées. Les entretiens peuvent avoir lieu par téléphone ou en visioconférence, pour un suivi régulier ou un soutien occasionnel. Car tout cela mobilise les réaménagements psychiques qu'il est important d'accompagner, pour faire face aux exigences d'un nouveau contexte de vie, qu'elles fassent partie du départ comme du retour !
Les consultations en visioconférence offrent la possibilité d'accéder à une aide psychologique et offre de bons résultats du fait même de cet accompagnement adapté, des consultations dans la langue maternelle.
Et n'oubliez pas... la souffrance psychique n'est pas un signe de faiblesse mais plutôt un signe d'avoir essayé d'être trop fort trop longtemps sans être soutenu dans votre chemin de vie.